Prudence et Paulin de Nole sont deux poètes cousins, à la fois bien distincts par la nature de leurs corpus respectifs (qui ne sont pas structurés en vertu des mêmes principes et ne mettent pas toujours en jeu les mêmes formes poétiques ni le même rapport au réel), et très proches, chronologiquement, parfois aussi du point de vue des influences qu’ils ont reçues, et surtout compte tenu d’une conception partagée de la poésie comme édification spirituelle.
Dans le neuvième chapitre de la Naissance de la poésie dans l’Occident chrétien, J. Fontaine avait d’ailleurs présenté en miroir les projets poétiques de Paulin et de Prudence en mettant en évidence, dans un cas comme dans l’autre, la singularité de la réflexion poétique menée sur la composition et sur le sens global de l’œuvre (au fil de son élaboration chez Paulin, à titre rétrospectif chez Prudence). Les deux corpus comprennent, en tout cas, plusieurs manifestes poétiques proposant une réflexion sur la poésie même (notamment la Préface et l’Épilogue de Prudence et les carmina 27 et 28, ainsi que la lettre 32 chez Paulin).
Mais J. Fontaine avait également souligné une commune intégration du projet poétique au projet ascétique, ainsi qu’une conception comparable de l’œuvre en tant que deuotio intégralement consacrée à Dieu. Il en était venu à soutenir que ces deux contemporains avaient permis de synthétiser les orientations antérieures de la poésie latine chrétienne et de conquérir une double autonomie par rapport à la poésie biblique et mondaine et par rapport à la poésie strictement liturgique.
Le fait est que les œuvres de Prudence et de Paulin de Nole ont donné lieu à de nombreux travaux récents de qualité (éditions critiques à nouveaux frais, étude de détails, colloques, thèses soutenues ou en cours, …) mais leur très riche réception dans la poésie tardive et médiévale n’a pas été frontalement et globalement analysée en tant que telle, hormis quelques études ponctuelles, excellentes mais en nombre très limité. C’est ce manque que, dans le cadre de l’axe 3 du GIRPAM (« Réflexions poétologiques, réception de la poésie dans l’Antiquité tardive et au Moyen-Âge »), le présent colloque international se propose de combler partiellement, en tenant compte à la fois des passerelles réunissant les deux corpus mais aussi des spécificités de chacun des deux.
Aussi on étudiera, dans l’ensemble de la poésie latine chrétienne du Vème au XIIIème siècle, tous genres littéraires confondus, la fortune de l’un des deux poètes ou simultanément des deux sur un aspect précis, en suivant notamment (entre autres possibilités non exhaustives) les directions suivantes :
L'édition savante Ayres Barbosa. Aratoris Cardinalis Historia Apostolica cum commentariis Arii Barbosae Lusitani vise à publier le texte latin du commentaire de l'Histoire Apostolique d'Arator, les index des noms de personnes menntionnées par Barboa, les lieux cités et les livres utilisés avec un index des passages cités. Elle sera mise en ligne très prochainement.